Hellion 1 : Liens du sang (Partie 2)
Le videur y regarda à plusieurs fois mais le jeune homme sur la carte d’identité était bien celui qui se tenait devant lui et qui disait avoir 21 ans. Pourtant il faisait plus jeune se disait il. Qu’importe, il avait le droit d’entrer et il n’allait tout de même refuser un client si il rassemblait tous les critères, simplement sur une intuition.
Julian récupéra sa carte, l’enfoui dans la poche de son pantalon et passa la porte de la boite de nuit où, d’après son frère, traînait souvent la dénommée Candice, celle qui s’était bien payé la tête de l’aîné des Keller.
Tout de noir habillé il se fondait parfaitement dans le décor et passait presque inaperçu, presque car bon nombre de femmes se retournaient sur son passage. Une sensation qu’il adorait et l’électrisait car il se délectait être le centre des attentions. Mais ce soir, pas question de s’amuser, il devait trouver une personne en particulier et ce ne serait pas une tâche aisée au milieu de tout se monde qui se bousculait pour aller d’un point à l’autre de l’endroit où régnait une moiteur dérangeante.
La première chose à faire était de trouver un point de vue dégagé d’où il pourrait observer toute la salle. Le second étage, qui surplombait la piste de danse, semblait être l’endroit parfait.
Tant bien que mal Julian gagna l’étage et s’installa à la table la plus proche de la rambarde donnant plein feu sur les danseurs et ceux qui étaient au bar.
Malgré la description faite par James, et la photo de Candice qu’il lui avait montré, il était dur de repérer quelqu’un dans cette foule, surtout si il n’était pas sur du tout que cette personne soit présente ce soir.
Pour ne pas paraître suspect à reluquer toutes les jeunes femmes sans vergogne, il commanda une consommation et bougeait fébrilement sur sa chaise sur le bruit qui était censé symboliser de la musique.
Il avait beau les passer en revue, une par une, pas moyen d’en trouver une qui ressemble de près ou de loin à la description faite. De plus elles bougeaient sans arrêt et il avait la désagréable impression de tourner en rond.
-Hello.
Dans le brouhaha ambiant une voix cristalline vint à ses oreilles. Il se tourna lentement de sa cible pour découvrir une jeune femme qui s’était attablée à ses côtés et qui le fixait de ses yeux bleus intenses. Il plongea son regard dans le sien en prenant garde à ne pas dévier vers le décolleté et, pour une fois, fut incapable de dire un mot.
Elle était d’une beauté saisissante, le teint mat, de longs cheveux blonds ondulés, les pommettes hautes et des lèvres invitant à les embrasser. Julian était sous le charme mais surtout il savait qui elle était, Candice.
Elle était encore plus belle de visu que sur la photo et le jeune mutant commençait à comprendre pourquoi son frère s’était laissé embobiné.
-Salut. Réussit il enfin à prononcer après quelques secondes de fixation béate assez inhabituel chez lui.
Elle lui sourit et prit le verre que Julian n’avait même pas pris la peine de toucher pour le porter à ses lèvres avant de le reposer devant lui.
-Je suis Candice et tu es ? Lui dit elle d’une voix lente et suave, ou chaque son semblait sortir de la bouche d’un ange.
Mais Julian s’était déjà ressaisi et il savait pertinemment qui il avait en face de lui. Derrière cette allure de belle jeune femme souriante se cachait celle qui avait poussée son frère à perdre une partie de l’empire familiale et donc une partie de son héritage. Car il comptait bien récupérer ce qui lui revenait de droit.
-Julian Kincaid, enchanté. Candice ? C’est un magnifique prénom. Répondit il en lui tendant la main, pensant au contraire qu’il y avait rien de plus ridicule et de plus superficiel que ce prénom. Mais il était plutôt fier de lui en repensant à son idée d’utiliser comme nom de couverture celui de sa meilleure amie, Cessily Kincaid, ça le faisait sourire intérieurement.
Et grâce à cela, et à quelques connaissances du temps de l’Institut Xavier, il avait pu se forger une nouvelle identité pour ne pas être immédiatement démasqué par la mante religieuse qui croisait les jambes en face de lui.
-C’est la première fois que je te vois ici Julian, tu es de passage à New-York ? Lui demanda elle en se rapprochant un peu de lui, faisant glisser sa chaise de quelques centimètres dans sa direction pour contourner la petite table ronde qu’il y avait entre eux deux.
Le mutant sentait, lui, la chaleur monter d’un cran et il devait se concentrer au maximum pour ne pas faire un faux pas ou ne pas se laisser tenter.
-J’arrive directement de Portland pour reprendre les affaires que mes parents ont dans cette ville, et on m’a conseillé cet endroit pour me changer un peu les idées.
Il savait très bien que ce que la jeune femme avait retenue de cette phrase était l’allusion faite aux affaires de ses parents.
-Seriez vous un jeune loup de la finance monsieur Kincaid ? Lança moqueusement la jeune femme.
-J’essaye simplement de gérer et de faire fructifier le pactole que l’on m’a confié…on a pas souvent la possibilité de s’amuser avec quelques millions de dollars tu sais.
Le mensonge et le risque étaient gros mais il savait qu’elle avait déjà mordue à l’hameçon et jetait son dévolue sur lui.
-Des millions ? Tu m’en diras tant. Je vais me chercher quelque chose à boire, je reviens….Julian. Dit elle en se levant lentement tout en continuant de le fixer avant de se retourner et de rouler du postérieur pour se diriger vers le bar de l’étage. Julian en profita pour desserrer encore un peu son col, sentant la chaleur afflué assez rapidement.
Jusque là tout se passait bien, elle lui faisait confiance, ou plutôt elle faisait confiance aux informations qu’elle a eues en retour et qui lui confirmaient qu’il était bien un petit gosse de riche trop gâté qui joue avec l’argent de ses parents.
-Tu me suis ? On sera plus à l’aise dans la pièce au fond. Lança langoureusement la voix de Candice alors qu’elle approchait doucement ses lèvres pulpeuses de l’oreille du jeune mutant qui eu un frisson. Il se leva sans dire un mot et la suivit.
Mais c’est alors qu’il vit quelqu’un qu’il n’aurait pas cru rencontrer ici. Accoudée au bar, jouant avec le verre qu’elle avait dans la main, il reconnut immédiatement Katherine Pryde qu’il avait côtoyé à l’Institut Charles Xavier, et bien sur elle le reconnut en le voyant passer, tiré par la main par une véritable beauté. Elle resta bouche bée devant le spectacle et le suivit du regard alors que lui essayait de l’ignorer en regardant partout sauf vers elle.
Qu’est ce qu’elle pouvait bien faire ici, c’était pas possible, le mauvais sort le poursuivait ou quoi ?
Pour l’instant il décida de faire abstraction de cette rencontre pour se concentrer sur la jeune femme qu’il devait berner pour regagner l’argent familial perdu par son imbécile de frère.
Elle le fit entrer dans une pièce un peu à l’écart du reste, où ils purent se retrouver seuls. Elle lui montra un divan ou prendre place tandis qu’elle alla chercher deux flûtes à champagne et une bouteille.
Il se laissa faire en affichant un air détendu de façade qui masquait le stress qui montait en lui au fur et à mesure, stress résultant autant de la belle jeune femme qui lui faisait son petit effet que de la situation qu’il devait gérer.
Elle vint s’asseoir à ses côtés, voir se coller contre lui et lui tendu une des flûtes qu’elle avait préalablement remplie.
-A notre rencontre. Dit elle en portant un toast auquel il répondu avant d’avaler d’une gorgée le contenu du verre, autant pour faire passer le goût du champagne que pour passer directement à la prochaine partie du plan qui était de faire avouer à la jeune femme ce qu’elle avait fait du contrat, tout en discrétion bien sur.
Mais sitôt le verre reposé sur une table basse devant le canapé il se sentit bizarre, la tête commençait à lui tourner, les idées devenaient confuses.
-On devrait peut être ouvrir ? Dit il en se levant, titubant légèrement alors que ses yeux lui jouaient des tours.
-Ca ne servira rien, dans une minute tu seras plongé dans le monde des rêves mon cher petit mutant, on dirait bien que tu as du mal à tenir l’alcool. Lui dit elle en se levant à son tour pour rester dans le sillage de Julian qui captait les mots avec douleur, comme des échos dans son cerveau malade.
-Quoi ? Que m’as tu fais ?
-Hoo, pas grand chose, seulement un peut drogué pour que tu sois plus coopératif mon petit Julian…Keller.
-Comment tu sais…
Mais il n’arrivait pas à finir sa phrase et tomba à genoux, n’arrivant plus du tout à se mouvoir tellement il sentait tout tourner autour de lui alors que la drogue s’insinuait rapidement dans son organisme.
-Je vais te révéler un secret…ton frère n’a pas réellement perdu l’entreprise familiale, il n’est pas si bête que ça. Il avait seulement besoin d’une excuse pour t’amener jusqu’à moi et toucher une coquette somme.
-Mais…qu’est ce que tu dis ? Pourquoi faire ?
Sa bouche était pâteuse, il avait du mal à articuler. Avant d’avoir des réponses sa priorité était de fuir avant de ne plus en être capable du tout. Mais il arrivait à peine à se concentrer et sans un minimum de lucidité sa télékinésie était totalement inutilisable.
Candice le regardait de toute sa hauteur, un petit sourire satisfait sur le visage, contente d’avoir mis à terre le jeune mutant. Mais le sourire s’effaça quand un doigt vint lui tapoter l’épaule, elle se retourna et découvrit une jeune femme derrière elle. Celle-ci ne lui laissa pas le temps de réagir et lui asséna un terrible coup de poing qui la fit voltiger dans la pièce.
-Mademoi…selle…Pryde. Articula très difficilement Julian en découvrant Katherine Pryde qui se précipita vers lui pour le soutenir par l’épaule.
-Dans quelle galère tu t’es encore fourré Hellion. Lui dit elle en faisant passer le bras du mutant derrière sa nuque pour pouvoir l’aider à marcher.
Mais Candice n’était pas vraiment K.O et elle appuya sur un bouton situé sur le mur, immédiatement une sirène se mit en marche et des hommes armés firent leur entrée dans le bureau et entourèrent les deux mutants qui se retrouvaient pris au piège.
-Phas…er… Lâcha Julian dans un souffle, sentant qu’il perdait pied de plus en plus.
-Désolé, ils bloquent nos pouvoirs, ont pris au piège…